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Là où le corps y dort… (Intégral)

Il y a un mec dans le corridor,

Un drôle de mec qui pue la mort.

Chapeau mexicain, pistolero

Il joue le rôle du sombre héros.

 

Dans les tombes les rires s’agitent,

Des odeurs surprenantes les irritent

Comme du sang venimeux

Qui parcoure leurs chemins creux.

 

Il y a un mec dans le corridor,

Un drôle de mec à l’allure retors

Qui s’inscrit comme un parasite

Dans un parcours en déficit.

 

Dans un recoin du bungalow

Des pleurs brandis comme des drapeaux

Claquent en sanglots anxieux,

Espérant des lendemains radieux

 

Il y a un mec dans le corridor

Mi-matador, mi-matamore,

Ce drôle d’aventureux

Suit des désirs bien dangereux.

 

Dans les tombes les rires s’excitent,

Des odeurs affolantes les invitent

Comme pour de drôles de numéros

Avec d’invisibles guérilleros

 

J’allume un brasero,

Affute mes couteaux,

J’aspire à d’autres corps à corps,

Á des changements de décors.

 

Le drôle de mec a un côté ténébreux

Malgré ses cheveux poisseux,

Ses envies presqu’implicites,

Sont comme des invit’ au coït.

 

Un mec implacable sous ce sombrero,

Qui ne fera aucun cadeau,

La relation bien qu’illicite

Résulte d’un accord tacite.

 

Dans ce décor un peu scabreux

J’aiguise mes épieux

Pour piéger ce doryphore,

Mi-tique, mi-croque-mort.

 

Un mec, un drôle de zigoto

Aux allures de macho un peu facho

Sous un regard vicieux et mystérieux

Qui déclenche des rêves nauséeux.

 

Dans les tombes des rires de désaccord

Montent comme des remords

Et se tordent, hypocrites,

Dans des rictus arthrite.

 

Le drôle de mec est en transit

Pour une destination sans accessit

Sera-t-il suffisamment fort?

Obtiendra-t-il le feu vert du sémaphore?

 

Il est venu avec cet enjeu,

Ce projet très ambitieux

D’atteindre le château

Et d’échapper au poteau.

 

L’objectif est prétentieux !

Je monte sous un prétexte fallacieux

Et, du haut du mirador,

Ajuste, pour le plaisir, quelques pandores.

 

Prenant un air de chattemite,

Comme pour s’acheter une conduite,

Il tente un sourire chaleureux

Qui sonne comme un désaveu.

 

Les rires résonnent comme des morts

Car c’est là que le corps y dort.

J’inscrit le numéro zéro

Et file sur ma bête, au grand galop.

 

Harry Steed (Nov.05/Mars 06-extrait de «Textes divers en toute saisons») 

Mission impossible II (Le chant du cygne – terminal II) – L’Ubac (Le blues du confiné-saison II intégrale)

Il y a un peu plus d’un an, j’écrivais qu’il n’était pas aisé de dégager une chanson préférée permanente dans la production de notre chantiste mais que, selon les circonstances, on pouvait en avoir une temporaire (je souris souvent quand je vois passer des « c’est ma chanson préférée ». Je ne souris pas par jugement, juste que cela me dépasse que l’on puisse avoir UNE préférée dans ce riche répertoire). Et cela fait quelques mois qu’ Amor Fati  me poursuit (suivie de près par « Prendre la route »), et je peux la remettre deux à trois fois de suite quand je circule en automobile. Yves l’a bien compris, puisqu’il débute souvent avec ce morceau…

Y’a bien ses mains, y’a bien sa peau

Mais, elle, sans moi

Et ce qui peut advenir,

Sans quiproquo, sans caresse-moi

Mais, avec des mojitos

Pour noyer ces envies inaccessibles

Car il y a l’envers du décor

Quand, entre deux chansons, pendant les applaudissements,

Au détour d’un mot, le quotidien veut s’imposer

Et que les dates souvenirs

Comme des jours poignards

T’attrapent le sourire

Et l’enveloppent de brouillard

On ne porte pas les mêmes valises

On n’alerte pas les mêmes balises,

On ne fréquente pas les mêmes églises

On ne trimballe pas les mêmes hantises

Et on ne glisse pas sur les mêmes banquises

Alors ça tempête dans sa tête

Et tel un ours bipolaire

Un ermite en colère,

Il rumine sa défaite

Au crépuscule de cette chienne de vie

Quand sur ses pages,

Alors qu’il l’écrit et la décrit

Sa voix rauque lui murmure dans un mirage…

Qu’il ferait mieux de couler ses sentiments dans le béton

Et les jeter dans les flots du passé

Et quand notre Yves en est à chanter ses plus beaux textes d’amour partagé

Il ramasse et ressasse des désespoirs que personne ne lira jamais

Et le concert terminé, un dernier regard derrière l’épaule,

Personne ne le suit,

Il lui faut accepter sa déroute

Et, quoiqu’il en coûte,

Reprendre une autre route

Même s’il la sait sans issue

Juste un désert gagné en la perdant,

Ni parfait, ni refait,

Juste comme sa vie l’a fait…

Harry Steed (Août 2019Avril 2020) – extrait de « Sur les chemins de Jamait »)

Ps : Encore toutes mes excuses pour ceux que j’ai utilisés, sans vouloir ni les imiter, ni les plagier, juste comme un hommage à leur talent mais, promis, j’le f’rai plus.

Mission impossible I (Le chant du cygne – terminal I) – L’Adret (De Mussidan à La Cigale de Paris)

En ces temps de confinement compliqué où l’avenir est incertain, petit retour en arrière. J’ai hésité avant de poster ça. Quelqu’un m’a dit, il y a un bout de temps maintenant, que personne n’était obligé de lire. Comme c’est quelqu’un qui a souvent la raison simple, l’apanage des gens intelligents, je lui fais confiance. Attention : « Plus c’est long, plus c’est bon » ne se vérifie pas en général et il se peut qu’il en soit de même et en particulier pour ce qui suit. Certains rimaillent, moi, j’écrivaille sur des émotions qui passent, sans ambition et, de temps à autre, je partage ici (ou là…: endroit désertique, fréquentable mais peu fréquenté)). C’est lu, ou pas, après tout c’est le sort de tout écrit. Egoïstement je débarrasse mes entrailles de trop plein d’émotions et, une fois que s’est fait, je ne maîtrise plus la situation et m’en lave les mains (ce qui est plutôt une bonne chose au jour où je pose ça). Des sensations qui ont fait jour pendant le concert de Lormes, qui ont mûri pendant une nuit blanche au même endroit, se sont alimentées durant la nuit passée à Chanteix après une fabuleuse soirée et se sont concrétisées une nuit de novembre lugubre et pluvieuse après un ultime concert. Je n’ai guère eu le courage de retravailler le style depuis mais je sais qu’il est temps de me débarrasser de ces lignes même si cela risque d’être un peu en vrac et bancal… (Le premier qui dit « Comme toi » prend la porte et… la garde. Cadeau. C’est une porte temporelle vers le passé et l’avenir). Ok, je sais, un peu long comme préliminaires, bas les masques (encore de circonstance) on y va :

Mission impossible I (Le chant du cygne – terminal I)

(Attention ce message s’autodétruira dans quelques jours)

L’Adret (De Mussidan à La Cigale de Paris)

Certains suivent les chemins de Compostelle

D’autres empruntent ceux de Jamait

On ne porte pas les mêmes fardeaux,

Les mêmes casquettes, ni les mêmes chapeaux

Mais tout, on donnerait tout

Quand on arrive en cortège

Pour ces instants privilèges.

Et quand approche l’heure du concert

Tout, on oublie tout, y compris les pensées délétères

(Ah ah, mot récurrent à placer dès que possible,

Comprenne qui pourra…)

De ces soirées aux limites de l’utopie

Où, dans la beauté des illusions

Chacun trimballe ses souvenirs et ses rêves

Et des sourires complices se croisent

Et font connaissance.

Parfois se tissent des amitiés

Et qui sait… des amours se dessinent

Ou d’autres se peaufinent.

Tout on oublie tout

Dans le tourbillon de ses chansons

Et on finit debout

Parce qu’on en veut encore et encore…

Plus de minuit et quelques selfies plus tard,

Á l’heure où les autres vont se coucher

On se retrouve le cul dans l’herbe,

La tête dans les étoiles

Elle stand up et il savoure…

Il sait bien que son cul est posé sur un rêve impossible

Et que son ciel est sombre

Mais qu’importe, ce soir il ignore la réalité

Et savoure

Harry Steed (Août 2019Avril 2020) – extrait de « Sur les chemins de Jamait »)

Ps : Toutes mes excuses pour ceux que j’ai utilisés, sans vouloir ni les imiter, ni les plagier, juste comme un hommage à leur talent.

Le blues du confiné (saison 1 – avant dernier épisode)

J’écris en titubant… Oui, je le reconnais, j’ai un peu picolé ! Oh, ça ne m’arrive pas souvent mais, là, compte tenu du contexte, j’en ai ouvert une pour tenter de noyer le blues du jour… raté. J’ai un peu picolé mais, pas que… Me suis aussi enivré de petits Lu d’ordinaire bannis du placard ! Que voulez-vous (oui, on se vouvoie de nouveau… pour le moment), j’ai décidé de me concentrer sur une de mes addictions les plus douloureuses que certaines dates poignard attisent et du coup cela ouvre quelques brèches pour les autres. Ahhh, c’est sûr que pour comprendre, fallait suivre d’un peu plus près les épisodes précédents. J’ai bien conscience de raconter un peu n’importe quoi mais, c’est le principe du blues, du spleen, de s’égarer dans ses chagrins et quand le blues est alcoolisé, forcément ça divague un peu plus et la pudeur n’est plus de mise. Bouhhhh, quelle journée de merde (et elle n’est pas fini), pluvieuse, pesante et lugubre à souhait. Guère envie d’écrire, ni de faire quoique ce soit d’ailleurs et pourtant je m’étais promis d’écrire cet avant dernier épisode du blues du confiné mais là, ce n’est pas gagné même si je sais de quoi je veux traiter, mes lignes brouillons en témoignant. Vous me direz : « Quel lien entre cette belle brochette de connauds à virus et le blues en question ? ». Au quatrième verre, j’hésite entre « ils participent par leur incohérence, leur suffisance et leurs tronches à l’entretien du blues » et « compte tenu de ma paresse du moment, au lieu de faire un post pour le blues du confiné et un pour le connaud à virus du moment, et vu que le temps me manque, deux post en un »… Bon, du coup, petit tour d’horizon de cette brochette, brièvement, je fatigue. Je ne sais même pas si j’ai un mot disponible pour chacun! Non seulement j’écris en titubant mais, je pense en balbutiant ! Du coup je ne m’étendrai pas sur chacun (ni chacune d’ailleurs, rien que l’idée me donne envie de gerber) :

1-Apathie ? Pour l’ensemble de son œuvre… Mon seul regret est qu’il n’apparaisse que le matin, je suis sûr qu’en fin de soirée, compte tenu de mon état, il me ferait rire, mais pépère se couche tôt.

2-Goupil… bof, m’inspire juste le dégoût et des envies de violence.

3-Pujadas. De plus en plus petit, dans tous les sens du terme.

3-De Frouville. Ah là ! Archétype d’une partie de sa génération dont je ne supporte pas le physique sans lueur (oui, je sais subjectif à l’excès mais j’avais prévenu lors de mon premier post sur le connaud à virus). Clone de Marie Lebec, elle-même clone d’un sujet n°1 fabriqué et façonné par une certaine mouvance de notre Éducation Nationale à base d’intelligence artificielle, à l’écart de sentiments bienveillants, programmé uniquement pour « réussir » quoiqu’il en coûte, doté de connaissances générales implantées sans arguments et avalées comme des certitudes qu’il n’ait pas besoin d’expliquer. Une sorte de prototype d’androïde à venir.

5-Khan. J’ai apprécié l’homme à une époque même s’il faisait déjà preuve d’une certaine autosuffisance. Le temps et l’usure en ont fait une caricature.

6-July… Le « pauvre », la sénilité se rapproche.

7-Ferry… insupportable, depuis très longtemps. *

8- Verdier-Moliné, lobbyiste… tout est dit.

9- Jeudy… bof, un extrait de MEDIAPART suffira « En plateau comme ailleurs, Jeudy est le chien de garde qui aboie contre tout ce qui n’est pas de droite – donc ce qui n’est pas macroniste – et monte la garde auprès des banques et de ses employeurs milliardaires, propriétaires de BFM-TV. ».

10-De Malherbe… comme ça…

Bon ! Presque deux heures du mat’, forcément pas l’envie de relire, donc les fautes d’orthographe, de syntaxe et de mauvais goût, c’est cadeau.

Harry Steed (2 mai 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (9-b)

Là où d’autres en deux images te montrent avec précision la couleur de la situation et du sentiment (oui, je sais, ça s’appelle le talent), j’ajoute des mots aux mots pour essayer d’y parvenir. Parfois de ces mots de forme anodine qui finissent par former des phrases assassines… dont tu n’as même pas conscience, comme un suicide masochiste mais ça, c’est une autre histoire dont le mot fin s’est inscrit par surprise. Et je balance tous ces mots où je peux. Autrefois j’avais quelques interlocuteurs épistolaires chez qui je déversais mes trop-pleins. Au fil du temps, j’en ai perdu la plupart sur la route de cette vie et le dernier, le meilleur, celui qui pissait du bras, a eu cette mauvaise idée de décéder il y a quelque temps…

Alors j’écris en me demandant, de temps à autre de ce qu’il adviendra de ces pages noircies par le quotidien. Est-ce que mes filles après avoir lu quelques pages finiront par passer ça à la déchiqueteuse à papier ? Qui vivra verra, donc je ne verrai pas. Et je comprendrais, il y a tant de banalités. Mais c’est quand même une vie qu’il y a sous ces lignes, avec ses bons moments et ses chaos. Bien des années avant sa mort, mon père avait été opéré à cœur ouvert et sur son lit de délires s’était accroché à moi, me suppliant de trouver son « petit carnet noir ». Carnet dont ma mère, à qui j’en avais parlé à mon retour de l’hôpital, niait toute existence… Et pourtant, quelque temps après leur mort, à deux mois d’intervalle, je l’ai trouvé ce carnet, caché derrière des livres. Oh, il n’y avait pas des centaines de pages, juste quelques-unes écrites de sa belle écriture pendant la guerre et qui parlaient de son amour naissant et de son dégoût pour l’armée. Mais suffisamment pour que je regrette qu’il n’ait pas plus écrit, j’aurais tant aimé lire sa vision du temps qui passait et peut-être découvrir certaines faces cachées de cet homme. Ou alors, peut-être les garderont-elles pour de temps à autre prendre une page au hasard comme on visite un lieu de façon aléatoire, sans souci chronologique.

Tiens, il me revient un truc. Enfin, disant qu’en mettant un peu d’ordre dans mes brouillons épars, j’ai retrouvé quelques lignes destinées au blues du confiné (7) quand j’évoquais mon intoxication aux infos… : « De toute façon, je suis un toxico multiple, ça va des bonbons à l’amour, en passant par… la liste de mes dépendances serait trop longue à raconter et je ne vais pas vous dire comment je les traite, seulement que j’ai une tactique pour tenter de contenir chacune d’entre elles, tactiques qui fonctionnent plus ou moins bien, selon l’époque et l’environnement. Tu avoueras que cela valait le coup de faire un retour en arrière ! Oui, je sais, en début de page on se vouvoyait mais reconnais qu’arrivés à l’épilogue de la chose, on peut passer au tutoiement.

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (9-a)

On pourrait se demander pourquoi j’écris sans intérêt… et pourquoi je partage ça ici. Je n’ai pas vraiment d’explications logiques et celles-ci peuvent varier selon l’humeur du moment. Alors, pourquoi me direz-vous ? Vous ? Oui, je sais, je dis vous et écris comme si je m’adressais à un interlocuteur potentiel qui n’existe peut-être pas mais, qu’importe. Á force d’avancer seul, qui plus est en cette période de confinement, j’ai pris l’habitude de parler seul, donc d’écrire de la même façon. Ce n’est pas pour rien si j’ai une rubrique qui se nomme « dialogues imaginaires ». Il y a peu quelqu’un évoquait la schizophrénie possible en ce qui me concerne… Pourquoi pas ?… Même s’il me semble être lucide face à certaines situations et si cette schizophrénie n’est peut-être qu’un trouble d’apparat. Qui sait ?… Pourquoi écrire quand il suffit parfois de copier/coller pour exprimer son ressenti ? Je n’y arrive pas, je n’y arrive plus. Besoin de me soulager du trop-plein.

Le problème est, et je ne sais si vous connaissez cela, que je ne parviens pas ou pratiquement jamais, surtout ces derniers temps à ne pas penser (autant que je me souvienne, ces deniers mois, il n’y a que deux situations qui me permettent de débrancher : quand je suis aux chiottes et fais des « sudoku » et pendant certains concerts de Jamait) et je suis sans cesse submergé par ces cogitations. Á croire que le bouton pause de mon disque dur cérébral est pété. Le pire c’est le soir au coucher. Si dans la journée, je peux me soulager quelque peu en écrivant ce qui dégouline de mes entrailles, le soir, dès que j’ai les yeux fermés, ce sont des flots de « réflexions » qui déferlent tels des tsunamis où se mêlent souvenirs, espoirs mirages et frustrations et je manque par trop, à cette heure-là, de courage pour rallumer et noter toutes ces divagations, juste pour apaiser la douleur. Parfois je hurle de l’intérieur : « Fiche-moi la paix » en tentant de me fabriquer un de ces rêves utopiques, artificiels et béats qui m’emmènerait loin de ces rivages tumultueux. Si au moins je pouvais enregistrer ! Mais il semble que certains abus passés n’aient détruit le bouton « record », à moins que ledit bouton ne se soit dissous dans ces produits illicites…

Á cet instant, je pourrais tout aussi bien m’arrêter tant je sais que je risque d’écrire des choses déjà répétées, étant dans cette phase ritournelle qui tourne parfois à l’obsession. Des choses où seuls quelques mots et virgules peuvent changer mais, je n’y parviens pas. Un ami très cher me disait : « Faut que ça me pisse du bras » ! Et dans ma tête, la première fois, je me suis dit : « ouais, plutôt de la main », alors que la main, sans l’aide du bras… Et puis si l’on y réfléchit encore un peu plus, le bras, sans le cerveau… Et dans mon cas, je devrais même dire, sans le cœur car, même si parfois ça passe par le cerveau, bien des fois, et en particulier les soirs évoqués, ça saute l’étape cerveau, directement du cœur au cœur comme disait Léotard. Pas pour rien que l’on dit parfois : « je pleure sans raison ». C’est sans doute de là que vient ce blues du moment. Seul, sans personne avec qui échanger les yeux dans les yeux, pas de bouche à manger, ni de délires ou de larmes à partager.

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (7)

L’avantage d’être seul, c’est que l’on peut chialer pour un rien sans que personne ne s’en étonne. Il y a eu cette petite mésange qui s’est mortellement blessée en se fracassant contre une fenêtre de ma cuisine. Rien qu’un oiseau me direz-vous… Certes mais, vu que je n’ai personne à chérir ici, je me rabats sur les animaux. Et je pourrais vous conter bien d’autres situations bien plus ridicules toutes autant sources de larmes… Peut-on perdre la tête en situation d’isolement prolongé ?… Une heure du mat’, je remets les infos… Ben oui, pas encore réussi à m’en passer totalement. N’oublions pas que je suis en période de désintoxication et que même si je regarde plus souvent ARTE, comme un produit de substitution, cela ne suffit pas toujours. Et puis, imaginez que le virus disparaisse sans que je le sache. J’aurais l’air con à sortir des jours ou des semaines après tout le monde. Mais non, tout va « bien ». Je tombe sur deux reportages. L’un nous explique les possibles conséquences neurologiques dues au virus et l’autre nous montre des salles de réanimation où tu vois quasiment mourir les gens en direct !… Dans le monde d’après, est-ce que l’on peut espérer une révision de l’enquête d’investigation et de sa déontologie? Je vais me coucher avec un gros doute quant à la réponse à ma question… Pour ce soir, pas mieux et il pleut ! Un vrai temps de blues.

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (4)

Peut-on perdre la tête en situation d’isolement prolongé ?… Quand vers 18h j’applaudis à ma fenêtre pour les personnes emprisonnées (je ne sais plus si c’est la bonne heure) qui m’entend ? Si j’étais filmé on pourrait croire que j’applaudis les brins de muguet qui pointent leur nez ou l’une de mes chattes qui me regarde d’un air bizarre en se demandant pourquoi je l’ovationne alors qu’elle n’a rien fait dans l’instant et me rappelle que je ne l’ai pas applaudie la dernière fois qu’elle a ramené un oiseau et mis des plumes partout dans le salon. Nous ne nous sommes jamais compris en ce qui concerne les oiseaux avec mes chattes… Bon, en tout cas, demain, j’essaierai de taper sur une casserole. Peut-être que mes plus proches voisins finiront par m’entendre même si les dits proches voisins sont assez loin. Et si ça ne suffit pas, après demain, j’ouvre les fenêtres en grand, pose « Prisoner » sur la platine et pousse la sono à fond. C’est bien le diable si à un moment je ne vois pas débouler une ambulance hurlante. Ça me ferait l’occasion de discuter.

Á l’instar des statistiques du nombre d’hospitalisés et de décès, mon blues a sans doute atteint son pic et se trouve sur un plateau… Y’en marre, c’est décidé, je vais me noyer et, à défaut de pouvoir le faire dans le stupre ou dans des bras charitables, je vais me noyer dans le ménage et la tonte d’herbe. Peut-être même que, tellement je broie du noir, que je vais finir par me doucher !!!

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (3)

Ce confinement ne fait que foncièrement me démontrer le côté fadasse d’un quotidien sans véritable amour, c’est juste du temps qui passe, gagné sur l’inexorable et compte tenu de ces conclusions, la raison dirait qu’il ne reste qu’une solution : Le suicide ! Le problème étant que, même si je dis à qui veut bien m’entendre (c’est-à-dire pas grand monde, surtout actuellement) que la mort ne m’inquiète pas vraiment, c’est que je n’ai pas l’esprit suicidaire et je ne me sentirais pas capable de m’occuper moi-même de l’affaire. J’ai beau chercher, je ne vois pas comment je pourrais m’aider à disparaître sans une aide extérieure. Engager un tueur, ou une tueuse ? Ouais… Va trouver ça dans les pages jaunes de l’annuaire en Creuse. Resterait la possibilité de profiter de la situation et me jeter ostensiblement dans la foule en espérant chopper ce fichu virus. Là encore, le résultat reste aléatoire, d’une part compte tenu du nombre restreint de cas dans le département il faudrait, pour me donner une chance, pousser au moins jusqu’à Limoges et d’autre part, rien ne dit que j’y resterais. Chanceux comme je suis, je suis capable de l’avoir mais d’y survivre juste avec des séquelles ! Et puis je crains d’être par trop paresseux pour entreprendre un voyage pour lequel les risques de succès sont limités. Du coup, il y a de grandes chances que je survive par manque de courage ! Mais bon, tout ça n’est pas vraiment de la détresse. Juste une triste réalité de se dire que ça aurait pu être mieux de partager les délires mais, je suis par trop imparfait, tel que l’a vie m’a fait… N’est-ce pas Agnès Bihl ?

Á suivre… ou pas

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

Le blues du confiné (1)

(Pas forcément d’un intérêt majeur, juste un besoin d’évacuer ou, du moins, d’essayer de le faire).

J’aurais dû l’écrire cette nuit, dans les restes de volutes illicites, mais la paresse récurrente et cette « certitude », bien que n’étant pas dupe, de me souvenir au petit matin…

Je ne sais plus trop !!! Peut-être le fait d’être seul et ne pouvoir partager avec quelqu’un de confiance en direct… Déjà, à l’heure où j’écris, je ne sais plus si j’ai fumé les deux cigarettes que je m’octroie chaque matin avant de reprendre ma cigarette électronique. Ce que je sais, c’est que j’ai diablement envie de fumer vrai depuis quelques jours et vu que mon distributeur en ligne d’ E-liquide est en rupture de stock… Donc, à défaut d’une bonne excuse, pour le moins un alibi. Plus le confinement se prolonge et moins je regarde les infos ce qui, au premier abord, est plutôt une bonne chose. Mais, au fur et à mesure que les jours passent, il semble que mon discernement prend du jeu et, quand je remets une chaîne info, il arrive que je ne sache plus si j’évolue dans un monde de fiction ou si la réalité est bien celle que l’on relate. Jusqu’à il y a quelques jours, tout allait « bien ». Il va de soi que « bien » est tout à fait relatif mais, je me trouvais encore lucide. Jusqu’ici, la réalité finit (finissait ?) toujours par s’imposer (est-ce vraiment une bonne chose par ailleurs ?) mais pour combien de temps ? Je ne sais comment ça a basculé… une chanson, une photo, une phrase ou un mot lus, et mal interprétés où des relents du passé et ne sais pas plus si c’est irréversible ou seulement un passage… Peut-être pour ne pas sombrer, une façon d’éviter l’irréversible, de se fabriquer des anticorps contre la morosité absolue. Pas tout à fait à l’air libre et pas totalement au fond de la vase. Parfois un commentaire bulle d’air (un mirage ?) s’écrit comme un espoir… Je ne sais comment se passe un confinement à plusieurs, je ne peux que radoter sur l’expérience d’un confinement solitaire où je ne dialogue véritablement qu’avec moi-même. Est-il temps d’analyser la situation et d’en tirer des conclusions, de se faire des aveux ?…

Á suivre… ou pas (rien ne permet de dire que ce blues-là persiste… une chanson, une photo, un mot mal interprétés et la bascule peut se faire dans l’autre sens)

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)