Ecrire, vite…

Ecrire, vite…

 

Une chose encore,…

Quoi? Pourquoi encore?

Alors que je n’ai pas commencé!

Alors que je n’ai rien dit!

C’est ce que tu crois,

C’est ce que tout le monde croit,

Mais, entre le moment où j’ai commencé à écrire

Et le moment où j’ai commencé à réfléchir,

Il y en a des choses qui ont défilé dans ma tête!

Mes lettres, mes écrits,

Ils se construisent souvent en quelques minutes

A l’intérieur de ma boite à idées,

Pendant que je vaque à de basses occupations matérielles

Qui ne requièrent qu’une activité cérébrale minimum.

Il faut dire que c ‘est de l’occupation de base,

Je ne suis ni chirurgien, ni tireur d’élite.

Quand je ne pense pas, je peux penser…

Tu vois, j’arrive chez moi,

Et, après la “chose encore” susmentionnée,

Et qui n’est qu’épisodique,

Il y a le domestique à assurer rapidement.

Le faire après? Non, car après,

Une fois que je serai attablé,

Je sais que je n’aurai plus envie.

Donc, la machine à laver à mettre en route,

La vaisselle de la veille à faire,

Les chats, le poisson…

Bien sûr, j’aurais pu faire tourner la machine dimanche,

Mais elle n’était pas suffisamment pleine à mon goût,

Alors j’avais décrété qu’avec les changes de début de semaine

(Je change de slip ou de caleçon et de chaussettes tous les jours,

De tee-shirt tous les deux jours, en hiver,

Parce qu’en été, avec la transpiration, c’est tous les jours!)

Elle serait à point ce mercredi.

Bien sûr, j’aurais pu ne la faire tourner que vendredi

(Je ne reviens pas avant),

Mais bon, je n’allais pas retourner à l’entraînement

Avec un short plein de boue.

C’est que ça a taclé dur,

Aussi bien vendredi à l’entraînement

Que dimanche pendant le match!

Et je n’ai pas trente-six changes de foot,

Non, deux très exactement.

Un pour m‘entraînement, un pour les matches.

Bien sûr, j’aurais pu faire la vaisselle hier.

D’habitude c’est ce que je fais,

Enfin,… non, je ne fais pas la vaisselle hier par habitude,

Je la fais le jour même, juste après avoir mangé.

Je ne supporte pas la vaisselle sale qui traîne,

Je ne supporte pas la vaisselle qui traîne en général.

En général, mon capitaine, je ne supporte pas ce qui traîne

(Y compris les traîne-savates).

Bien sûr, j’aurais pu la faire vendredi,

Mais, je ne supporte pas… voir ci-dessus…

Donc, la machine à laver, la vaisselle,

Ci-dessus la virgule est d’importance,

Ce n’est pas la machine à laver la vaisselle,

C’est, soyons précis: la machine à laver le linge,

Puis laver la vaisselle à la main.

D’ailleurs, je n’aime pas les machines à laver la vaisselle

(Ma première idée était d’écrire brutalement:

C’est pour le riches pas courageux,

Et les pauvres faignants,

Mais, je me suis souvenu que tu en avais une…).

Moi, j’aime faire la vaisselle à la main,

Je trouve cela noble.

D’ailleurs, j’aime faire un tas de choses de mes mains…

Tiens, pendant que j’y pense, ce qui est rare!

Je veux dire que, autant quand je “vaque”,

Je pense à écrire,

Autant quand j’écris, j’évite de penser aux vacations.

Mais là, je suis parasité par cette pensée:

“Faut pas que j’oublie d’étendre le linge”!!

Car je ne reviens que vendredi,

Et le linge humide pendant deux jours dans la machine,

Cela craint…

Ensuite, nourrir et câliner les chats,

Ou, plutôt câliner et nourrir les chats.

Bien sûr, on pourra me dire

Quelle idée de s’encombrer de ces bestioles,

Mais moi, j’en ai besoin,

De leurs ronrons, de leurs câlins.

Et puis, allez donc dire cela à Léautaud.

C’est vrai que je ne suis pas très mode,

La mode est aux animaux exotiques,

Ou les chiens, agressifs ou à l’air con, voir les deux.

C’est fou ça, presque tout le monde a un chien,

Ou… une machine à laver la vaisselle.

Je ne suis pas très mode…

…Puis le poisson.

On me dira la même chose que pour les chats,

Et même si lui je n’en ai pas besoin,

Je l’ai accepté, je l’assume.

Et puis j’aime bien nos dialogues…

Et, pendant toutes ces vacations,

Dans ma tête j’écris.

Souvent j’ai la rage de ne pas me souvenir,

J’ai envie de stopper là mes occupations,

Mais ce qui est à faire doit être fait,

Et j’arrive, une fois l’essentiel assuré,

Comme un fou sur mon bloc-notes,

Et j’enchaîne immédiatement, là où j’en étais dans ma tête,

Pour ne rien perdre du fil…

… Donc, une chose encore:

Quand j’ouvre la boite à lettres,

Et que ton écriture me saute au cœur,

C’est direction les toilettes!!!!!

Non que tu me fasses chier, rassures toi,

Mais ça me soulage tellement qu’il me faut évacuer de partout!

Et puis c’est comme ça,

C’est le lieu qui me convient

Pour la première lecture de ton courrier.

Il en est de même pour les lettres de V…:

Direction les chiottes!

D’ailleurs, hier c’est elle qui m’écrivait,

Du moins c’est hier que sa lettre m’arrivait,

On peut supposer qu’elle l’a écrit avant.

Une lettre assez morose,

(Tiens, c’est dans l’air la morosité)

Dans laquelle elle se compare aux feuilles de la saison,

Les vertes pleines de vitalité,

Les jaunes plus âgées et fatiguées,

Et les brunes déjà tombées,

Prêtes à être brûlées ou piétinées

(Et il en est qui chante:

“Les brunes comptent pas pour des prunes”

V… ne fait pas souvent dans la métaphore,

Et là, j’ai eu beaucoup d’émotions,

A tel point que j’ai l’envie

De lui piquer l’idée (surtout qu’elle n‘a rien de neuf…)

Et la réécrire à ma sauce.

Mais ça, c’est une autre histoire

Qui ne nous intéresse pas aujourd’hui…

Donc, l’Amitié se lit, en ce qui me concerne

Aux waters (lire vouatèr)

Qui reste un lieu d’extrême concentration intime!

… Ecrire vite,

Parce que l’envie est là,

Et la possibilité de la satisfaire en même temps.

Car le problème est souvent là (…le problème est souvent las!…)

Avoir le temps quand il est nécessaire.

Je n’arrive pas à m’asseoir pour me dire d’écrire,

Et, à chaque fois que j’ai envie de le faire (écrire),

Je suis parasité par des “occupations”, ou “obligations”,

Voir des scrupules…

C’est pourquoi,

Et l’idée principale est là,

J’aimerais,

Tant qu’à être moderne, soyons moderne utile,

Qu’on m’implante dans le cerveau

Une puce ou un micro-processeur,

Je ne connais pas le terme adéquat,

Enfin, un truc qui enregistre à ma demande

Tout ce qui passe dans ma tête.

Oh! Je sais, ce n’est pas intéressant vu comme cela,

Mais ça l’est,

Et c’est la lecture de ta lettre

Qui a déclenché ce fatras de lignes

Apparemment sans connections,

Dans la mesure où, il y a ce besoin de vidanger,

De vider sa tête du trop-plein,

De faire de la place sur le disque dur,

Avant de saturer.

Mais pas de n’importe quelle façon,

Vidanger en “pissant du bras” comme tu le dis si bien.

Nous sommes comme cela,

Nous n’arrivons pas à nous soulager

En oubliant directement ou bêtement,

Il nous faut coucher tout cela sur papier blanc.

Après, il est possible d’oublier.

Le problème, c’est quand tu n’arrives pas à pisser correctement,

Quand un tas de choses se sont accumulées sur ce disque dur,

Mais que tu es incapable de les retrouver!

Tu sais que c’est inscrit dans ta mémoire,

Mais t’arrives plus à retrouver le fichier!

Et c’est encore pire que de n’avoir pas pensé,

Tu sens que tu te diriges vers  la saturation,

Qu’il n’y a plus de place pour d’autres divagations,

Et que tu ne sais pas où chercher pour en faire.

Parfois t’as des bribes qui t’arrivent,

Des retours de mots clés,
Mais, impossible de retrouver le texte dans son entier,

Et pas question d’expurger celui-ci,

Tu le veux complet, total, à la virgule près,

Tu sais que c’est le seul moyen d’exorciser le malaise.

Alors, pour pisser correctement,

Il faut retrouver la bonne vessie.

D’où l’idée de la puce, ou micro-processeur,

Je ne connais pas le terme adéquat…

… Je me suis mis depuis peu à l’ordinateur,

Et, n’ayant pas été élevé avec cet appareil,

De plus longtemps réticent à  l’accepter et le comprendre,

Ayant des moyens limités face à sa froide logique,

Je rencontre souvent ce genre de problème:

“Putain, où il est ce fichu dossier

Dont j’ai besoin tout de suite et immédiatement?”.

Le pire, c’est quand une mauvaise manipulation

Te fait écraser et disparaître à jamais

Le dossier que  tu avais créé avec tant de mal…

C’est pareil dans ma tête;

Combien j’en ai écrasé des idées,

Sans importance peut-être,

Mais qui peut en juger?

Des idées surgies au volant de mon automobile,

En faisant la vaisselle,

(Tiens, à ce propos, j’ai triché tout à l’heure:

Mon micro-processeur [On va adopter ce terme]

N’étant pas opérationnel,

J’ai abandonné deux plats bien dégueu,

En les noyant d’eau chaude et produit de vaisselle,

Car je sentais que j’allais perdre du matériel cérébral!),

En travaillant,

En faisant l’amour!

Eh oui, ça m’arrive aussi maintenant,

C’est dire si je me fais chier,

Cela m’arrive même en jouant au foot!

Alors qu’auparavant,

Durant ces activités distractives et jouissives

Je ne me surprenais pas à penser à autre chose,

Je ne me posais pas de questions,

Je ne me forçais pas,

J’y allais à l’instinct,

J’étais là uniquement pour gagner,

Pour me faire plaisir,

Et faire plaisir à mes partenaires…

Côté foot, j’en suis arrivé à demander à l’entraîneur

De ne plus me convoquer,

Manque de pot,

Y’a jamais assez de monde disponible!

Et pareil pour l’amour!

Même quand je suis remplaçant,

Y’en a toujours un pour se blesser,

Avoir des crampes!

Et il me faut aller au charbon…

… Et je sais que, jamais,

Les idées perdues

Ne reviendront sous leur forme initiale.

Cela me perturbe.

Je voudrais pouvoir écrire tout, noir sur blanc.

Si tu ne vomis pas tout quand tu vomis,

Il te reste toujours une sensation de nausée.

Harry Steed (199?-extrait de “Certaines correspondances”)

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