Le blues du confiné (4)

Peut-on perdre la tête en situation d’isolement prolongé ?… Quand vers 18h j’applaudis à ma fenêtre pour les personnes emprisonnées (je ne sais plus si c’est la bonne heure) qui m’entend ? Si j’étais filmé on pourrait croire que j’applaudis les brins de muguet qui pointent leur nez ou l’une de mes chattes qui me regarde d’un air bizarre en se demandant pourquoi je l’ovationne alors qu’elle n’a rien fait dans l’instant et me rappelle que je ne l’ai pas applaudie la dernière fois qu’elle a ramené un oiseau et mis des plumes partout dans le salon. Nous ne nous sommes jamais compris en ce qui concerne les oiseaux avec mes chattes… Bon, en tout cas, demain, j’essaierai de taper sur une casserole. Peut-être que mes plus proches voisins finiront par m’entendre même si les dits proches voisins sont assez loin. Et si ça ne suffit pas, après demain, j’ouvre les fenêtres en grand, pose « Prisoner » sur la platine et pousse la sono à fond. C’est bien le diable si à un moment je ne vois pas débouler une ambulance hurlante. Ça me ferait l’occasion de discuter.

Á l’instar des statistiques du nombre d’hospitalisés et de décès, mon blues a sans doute atteint son pic et se trouve sur un plateau… Y’en marre, c’est décidé, je vais me noyer et, à défaut de pouvoir le faire dans le stupre ou dans des bras charitables, je vais me noyer dans le ménage et la tonte d’herbe. Peut-être même que, tellement je broie du noir, que je vais finir par me doucher !!!

Harry Steed (Avril 2020 – extrait de « L’avenir est en doute »)

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