Il ne reste plus rien
Il ne reste plus rien
Qu’ une immense fatigue,
Les paroles diffuses
Qui passent et repartent
Vers des oreilles plus attentives.
Allongé, exsangue, tête sous l’oreiller,
Il se rendort.
Il ne reste plus rien
Qu’une immense lassitude,
Les odeurs de parfums
De merguez brûlées
Mêlées à la transpiration.
Ecœuré,
Rallume un bâton d’ encens.
Il ne reste plus rien
Qu’ une immense incertitude,
Le souvenir d’ un baiser
Au goût de dents sales,
L’ haleine fétide
D’ une hyène mal lavée.
Barbouillé, la tête dans le seau
Il vomit.
Il ne reste plus rien
Qu’ un immense vide,
Les formes difformes
S’ évanouissent
Dans le brouillard du temps.
Aveuglé, tête écrasée,
Il s’ enfuit.
Il ne reste plus rien
Qu’une immense insatisfaction,
Les mains calleuses
Palpent, écorchent la peau.
Ecroulé, tête ailleurs,
Il perd la notion du temps.
Bouche cousue, enrhumé,
A demi-sourd,
Il cherche, yeux fermés
A tâtons… En limite de déraison.
Harry Steed (199? – extrait de “Corps désaccords »)